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Guide pittoresque du voyageur en France. Paris, Firmin Didot frères et L. Hachette, 1834, 94e livraison |
Arrière-petit-fils de marchand épicier, petit-fils de négociant et fils de pharmacien, tous installés à Gray [Haute-Saône], Jean-François-Firmin Maillard y est né le 24 septembre 1832.
Après avoir fait une année d’études à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon [Doubs], Firmin Maillard abandonna cette orientation pour se lancer dans le journalisme et débuta à L’Impartial de Besançon et de la Franche-Comté.
En 1851, il vint à Paris, où il
collabora à L’Effronté, à La Balançoire pour tous, Le Diogène, Le Rabelais, Le
Dimanche, à la Gazette de Paris, à La Discussion, Le Diable boiteux, avant
de devenir rédacteur au Figaro.
Pour le fondateur de ce dernier
journal, son ancien collaborateur était « un de ces rares écrivains
consciencieux et érudits, sachant dire beaucoup de choses en peu de mots. »
(Mémoires d’un journaliste par H. de
Villemessant. Quatrième série. Derrière le rideau. Paris, E. Dentu, 1875,
p. 164).
« Quand il n’est pas à la Bibliothèque impériale (ce qui est rare) en train de guetter un in-8° quelconque, il est à Clamart, ou à la Morgue, ou à l’École pratique. Il visite assez souvent les hôpitaux, et regarde la salle des Morts de l’Hôtel-Dieu comme une des plus jolies choses qu’il ait vues. Bicêtre, Charenton, les établissements de ce genre, se partagent ses visites pendant la belle saison : il appelle cela aller à la campagne. – Quand il est en gaîté, il va flâner dans les cimetières de la capitale.
Il assiste à toutes les exécutions,
et le bourreau pourrait répéter aux gendarmes ce mot bien connu : “ Laissez approcher monsieur ; c’est un
amateur.” – Les suicidés ont aussi toutes ses tendresses ; il sait son
pendu sur le bout du doigt ; le noyé n’a pour lui aucun mystère. Naturellement,
sa bibliothèque se ressent de cela, et il a une jolie collection de bouquins
dont la Mort fait principalement les frais : on parle même d’une certaine
reliure en peau humaine !... […]
Tout cet attirail lugubre ne
paraît pas l’affecter beaucoup. Il est gai et souriant. Son ami Duchesne [Alphonse
Duchesne (1825-1870)] a dit de lui : “ Ce carnassier, ce critique fauve
est doué d’une physionomie ouverte et franche où respirent l’innocuité, la
bonne humeur et le contentement de vivre : il vous a de grands yeux noirs
dont le regard doux et vague rappelle celui du bœuf enfoui jusqu’au ventre dans
les herbages de son choix.” Alphonse Daudet prétend qu’il a une tête de loup qui
serait bon. »
(J.-F. Vaudin. Gazetiers
et gazettes. Paris, 1860, p. 198-200)
Outre ses articles de fantaisie, ses chroniques et ses articles littéraires, les livres de Firmin Maillard, qui se qualifie lui-même de « bibliogratte » (Le Tintamarre, 22 août 1858, p. 7), sont une mine de renseignements.
On lui doit un avant-propos pour Coupe d’Amour (Paris, Chez les principaux libraires, 1856, in-18), par Brocard de Meuvy fils :
« Certes, ce n’est pas là
une poésie nuageuse et vague, où la pensée ne peut s’arrêter, fatiguée qu’elle
est du chatoiement continuel d’un style cadencé ; non, c’est l’irradiation
d’un amour grand et élevé comme tout ce qui dépasse le terre-à-terre des
appétits vulgaires. Fille de l’antiquité, la muse de la Coupe d’Amour a
toute la grâce attique de ces filles de Milet, affranchies, peut-être un peu
tôt, des lois du gynécée. » (p. 13)
Son Histoire anecdotique et critique des 159 journaux parus en l’an de
grâce 1856. Avec une table par
ordre alphabétique des 386 personnes citées, commentées et turlupinées dans le
présent volume (Paris, Au Dépôt, 1857, in-18) forme la première partie
d’une Histoire anecdotique et critique de
la presse parisienne 2e et 3e années (Paris,
Poulet-Malassis et de Broise, 1859, in-12) qui débute avec la mention
« Pas de préface, la vie est courte ».
Photographie BnF |
En 1858, Firmin Maillard devint l’éditeur d’un journal périodique, que le Figaro inséra dans ses pages, intitulé La Casquette de Loutre, qui « renie et répudie comme siens tous ces enfants [petits journaux] qui encombrent la voie littéraire de leurs corps rachitiques et souffreteux » (Figaro, dimanche 6 juin 1858, p. 4).
En 1859, Firmin Maillard entra à
la Société des Gens de Lettres. Après avoir flagellé les petits journaux qui
pullulaient depuis quelques années comme la mauvaise herbe, le 1er
septembre 1860 Maillard laissa son fouet à un ami, le journaliste Jean-François
Vaudin (1826-1869) :
« Je relis votre lettre ; quoi ! vous voulez que j’explique au public pourquoi je ne continue plus mon HISTOIRE DE LA PRESSE PARISIENNE, et pourquoi c’est vous, mon ami, qui la continuez. – Entre nous, le public ne tient peut-être pas beaucoup à cette explication, et puis, il y tiendrait, que je ne me sens pas d’humeur à le satisfaire. C’est notre plaisir est ma devise. – C’était mon plaisir lorsque j’ai commencé, aujourd’hui c’est mon plaisir de m’arrêter… d’abdiquer, dirais-je orgueilleusement, si le mot n’était pas si Fontainebleau.
Un grand journal a dit de mon HISTOIRE
DE LA PRESSE PARISIENNE : “
En effet, le livre est l’antagoniste du petit journal ; il n’en est pas
l’ami, il en est le juge impitoyable ; s’il le sauve de l’oubli, c’est
pour le clouer au pilori de l’opinion publique. Et comme ce livre – qui, après
tout, pourrait bien n’être qu’un pamphlet – leur dit en plissant les lèvres
dédaigneusement : “ Ainsi meurent les feuilles légères, qui n’ont ni esprit,
ni talent, ni foi, ni croyance, qui sont rédigées par des ex-bottiers,
ex-perruquiers, peut-être aussi par les perruquiers et les bottiers de l’avenir…”
Ce journal avait raison et comprenait parfaitement l’esprit de mon
livre ; j’ai crié avec bonheur sur tous les toits possibles, ce que je
pensais de la petite presse d’aujourd’hui, afin, surtout, de ne pas être accusé
de complicité. Je considérais cet acte comme un devoir ; – j’y ai
satisfait.
Comme Jérémie, je leur ai montré l’abîme dans lequel les entraînaient leurs
iniquités ; comme Jérémie, ma voix s’est perdue dans le désert. Tartinet,
du Mouton enragé, Copinot de la
Chandelle humanitaire, et Tirlipiton de
la Casquette de Loutre, m’on répondu
crânement : “ ET DU PAIN !...”
et je me suis retiré sur la montagne,
tellement dégoûté des vivants que j’ai fait une Histoire de la Morgue, et qu’aujourd’hui je puis dire, comme
François Chevillard, – un poète d’avant Malherbe – :
Je me plais aux lieux
mortuaires ;
Les gibets et les
cimetières
Me sont d’agréables
séjours,
Car ces lieux jonchés
de cadavres,
Sont autant de ports
et de havres
Où l’on prend terre
pour toujours. »
(« Les Adieux de Firmin
Maillard » In J.-F. Vaudin. Gazetiers et gazettes. Paris, 1860, p. [3])
Ses Recherches historiques et critiques sur la Morgue (Paris, Adolphe
Delahays, 1860, in-18) contiennent : la basse geôle du Grand Châtelet,
description de la Morgue, administration, statistique, erreurs et préjugés, la
légende de la Morgue, les filets de Saint-Cloud.
Bureau du journal Le Sans le Sou. In Paris qui s'en va, 23e livr., nov. 1860
On reconnait Charles Baudelaire à l'extrême gauche
On doit aussi à Firmin Maillard le chapitre sur « Le Petit
Journal » pour Paris qui s’en va et Paris qui vient (Paris, Alfred
Cadart, 1860, in-fol., pl.), par Léopold Flameng, et celui sur « Le
Figaro » pour Les Grands Journaux de France (Paris, Bureau, 1862,
in-4), par Jules Brisson et Félix Ribeyre.
Le Gibet de Montfaucon (Paris, Auguste Aubry, 1863, in-18, pl.)
contient : gibets, échelles piloris, marques de haute justice, droit
d’asile, les fourches patibulaires de Montfaucon, des documents historiques et
la description du gibet, son abandon et sa destruction. Maillard a profité des
travaux de Arthur de Lavillegille (Des
anciennes fourches patibulaires de Montfaucon. Paris, Techener, 1836, in-8,
pl.).
Études psychologiques. N° 1. Quatre heures d’angoisses. (S.l. [Gray], s. n. [impr. A. Roux], 1869, in-16, H.C.). Récit des sensations éveillées par une imprudence qui met l’auteur entre la vie et la mort. Études psychologiques. N° 2. Quand j’étais petit. (S.l. [Gray], s. n. [impr. A. Roux], 1869, in-16, H.C.). Tableau d’impressions enfantines délicates et mesurées.
L’Histoire des journaux publiés à Paris pendant le siège et sous la Commune
(Paris, E. Dentu, 1871, in-18), du 4 septembre 1870 au 28 mai 1871, « est
à coup sûr un des côtés les plus intéressants de ces temps malheureux dont elle
représente pour ainsi dire un des aspects psychologiques. »
Élections des 26 mars au 16 avril 1871. Affiches, professions de foi – documents officiels, clubs et comités pendant la Commune (Paris, E. Dentu, 1871, in-18).
Les Publications de la rue pendant le siège et la Commune (Paris, Auguste Aubry, 1874, in-18, pl.) sont « le complément d’un travail qui embrasse dans son ensemble tout ce qui, pendant le Siège et sous la Commune, a eu, au point de vue de la publicité, ce cachet de popularité auquel ne peuvent atteindre des publications plus sérieuses et plus réfléchies.
Ce dernier volume, peut-être le
plus curieux des trois, comprend les satires, complaintes, canards, chansons,
placards, pamphlets, etc. ; “ petits écrits éphémères, papiers qui vont de
main en main et parlent aux gens d’à-présent des faits, des choses
d’aujourd’hui ”, toutes pièces ayant au plus huit ou dix pages et n’entrant pas
dans une bibliothèque, mais qui ont été tirées à un nombre considérable
d’exemplaires et vendues à grand renfort de cris sur la voie publique, pièces
dont la plupart sont déjà à peu près introuvables aujourd’hui. »
Photographie Librairie Le Feu Follet
Les Derniers Bohêmes – Henri Murger et son temps (Paris,
Librairie Sartorius, 1874, in-18).
Pendant dix ans, la Brasserie des
Martyrs, située au bas de la rue des Martyrs, près de l’église Notre-Dame-de-Lorette,
fut l’établissement à la mode, quand régnait Henri Murger : on y
rencontrait toute la bohême, celle qui mourra dans la misère et celle qui
finira à l’Académie française.
Firmin Maillard partit alors pour l’Algérie, y épousa Elmire-Zénaïde Legorgeu, de douze ans sa cadette, et devint viticulteur à Birmandreis.
Dans La Légende de la femme émancipée (Paris, Librairie illustrée, s.d. [1886], in-18), ouvrage très bien documenté, Maillard dénonce les prétentions des femmes désireuses de s’émanciper.
Rentré à Paris, Firmin Maillard
appartint, à partir de 1894, en qualité de sous-bibliothécaire de 1ère
classe, à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Sur une sorte de « Bibliophiliana » intitulée Les Passionnés du livre (Paris, Émile Rondeau, 1896, in-16, 225 ex.), Georges Vicaire écrivit :
« Voici un livre de belle humeur, je vous engage à le lire et souhaite que sa lecture vous cause autant de plaisir qu’elle m’en a procuré. Vous y trouverez contés avec infiniment de verve les tribulations, les désespoirs et les joies dont est faite la vie du bibliophile. M. Firmin Maillard ne paraît pas animé d’une excessive tendresse à l’égard des amis des livres, quoiqu’il soit lui-même de “ la partie”. Il est du bâtiment sur lequel nous voguons à travers l’océan des livres et, s’il n’a pas arboré au mât de misaine le pavillon de l’amiral, il a, du moins, pris rang parmi les principaux du bord. Les bibliophiles sont “ irritables, violents, égoïstes ” écrit M. Maillard ; consolons-nous de ces affreux défauts qu’il nous impute en songeant que sa qualité de bibliophile les lui fait partager avec nous. Et, après tout, pouvons-nous même lui en vouloir quelqu’instant de ses amusantes boutades et de ses fines railleries ? l’esprit qu’il met à les traduire est si naturel, si spontané que l’on se trouve sans peine désarmé. Il ne nous reste plus qu’à ne nous pas reconnaître dans les portraits qu’il esquisse et à imaginer – humanum est – que c’est notre voisin qui s’est placé devant son chevalet. Rions donc avec lui, de bon cœur, de nos petits travers et de nos innocentes manies, manies qui, pour dire vrai, ne sont pas toujours innocentes ; l’exemple de Libri et de Chavin de Malan dont M. Maillard retrace à grands traits la triste odyssée en est une preuve ; mais passons sur ces navrants épisodes de l’histoire bibliophilique.
Bibliophiles et savants du temps jadis, la Chevauchée des bibliophiles, Chinoiseries
de savants, Bibliophiles mal avisés,
Peines de travail perdues, Écumeurs de bibliothèques, Ils se sont endormis dans l’amour du livre,
tels sont les chapitres qui composent l’ouvrage et dans lesquels l’auteur nous
conte mainte et mainte anecdote plaisante sur nos anciens confrères. Certes, M.
Maillard n’est pas très tendre pour ce pauvre bibliophile Jacob dont il rappelle
les nombreuses mésaventures bibliographiques, mais personne cependant ne pourra
nier la ressemblance du portrait. Les querelles épiques de Brunet et de
Quérard, les lettres sans fin de Paulin Paris et de Kervyn de Lettenhove, la
mystification dont fut victime l’abbé Domenech avec son fameux Livre des Sauvages, les étourderies de
Jules Janin, la naïveté de l’académicien Chasles encombrant ses cartons des
faux autographes de Vrain Lucas, bien d’autres historiettes encore relatives à
des bibliophiles moins connus, tout cela est narré en un style alerte et
pimpant.
Les Passionnés du livre évoquent en moi le souvenir d’un autre livre
bien charmant de M. Firmin Maillard, je veux parler de ses Derniers Bohêmes dont je vois encore la couverture jaune, ornée du
mélancolique portrait de Mimi, et dont j’ai lu et relu les pages tour à tour
joyeuses et poignantes.
Cette fois, ce n’est plus sur
l’affreux papier à chandelle, employé par Sartorius pour les Derniers Bohêmes, que sont imprimés les Passionnés du livre ; M. Émile Rondeau,
mieux avisé, les a revêtus de l’habit qui leur convenait et en a fait un petit
volume élégant et coquet. On me dit que l’édition est, dès maintenant,
entièrement épuisée, je n’en suis nullement surpris, car les pages si vécues,
si observées, écrites par le délicat de lettres qu’est M. Firmin Maillard
resteront parmi les meilleures et les plus intéressantes que nous ayons sur les
bibliophiles de notre siècle. »
(Bulletin du bibliophile et du
bibliothécaire. Paris, Techener, 15 mai 1896, p. 275-276)
Photographie Librairie Cardinal
Trois ans plus tard, lors de la
publication de la seconde édition de Le Salon
de la vieille dame à la tête de bois (Paris, J.-Olivier Affolter, 1899,
in-8, 225 ex.), « pour servir à l’histoire de l’Académie française sous le
second Empire », paru pour la première fois l’année précédente chez
Rondeau, le même Georges Vicaire en donna l’analyse suivante :
« M. Firmin Maillard nous apprend que les anglais se plaisent à appeler l’Académie française : La Vieille dame à la tête de bois. Cette irrévérencieuse qualification a lieu de surprendre de la part de gens aussi rigoristes, aussi à cheval sur l’étiquette que le sont nos voisins d’Outre-Manche et je regrette que notre sympathique confrère ait cru devoir, dans l’intitulé de son livre, imiter leur exemple.
Je sais bien que ce n’est point un
panégyrique de l’Académie qu’a entendu écrire M. Firmin Maillard ; son étude
“ pour servir à l’histoire de l’Académie française sous le second Empire,
1852-1870 ” aurait plutôt, si le mot n’était un peu gros, l’allure d’un
pamphlet. Ecrite avec une verve toute naturelle, les réflexions malicieuses y
foisonnent ; peu d’académiciens trouvent grâce sous la plume alerte et mordante
de l’écrivain qui me semble n’avoir pas toujours respecté une rigoureuse
impartialité. Ce ne sont pas seulement les “ Immortels ” pris individuellement
qui sont en butte à ses railleries, c’est aussi l’Institut, dans son ensemble,
dans son organisme, qui tombe sous le coup de ses critiques. M. Firmin Maillard
manie l’ironie avec une incontestable virtuosité et son feu roulant d’anecdotes
force le rire du lecteur, même le moins disposé à s’associer à ses idées.
La première élection académique dont
s’occupe notre confrère est celle d’Alfred de Musset, la dernière, celle de
Xavier Marmier, qui eut lieu le 19 mai 1870. “ Je suis arrivé au terme de la
tâche que je m’étais assignée, écrit-il ; l’Académie française est une curieuse
et amusante institution …mais à la condition de n’en pas abuser ”. Quelques
lignes encore sur les séances de réception et, avant de quitter la plume, M. Maillard
trace un petit tableau des divers salons où se préparaient les élections des
candidats à l’honneur, justement envié, d’être admis dans le “ Salon de la
Vieile [sic] dame à la tête de bois ”, tels ceux du comte Molé, du duc Pasquier,
du duc de Broglie, de MM. Guizot, de Montalembert, de Sacy, Lebrun, de
Lamartine, Philarète Chasles, de la princesse Belgiojoso, de Mmes d’Agoult, d’Haussonville, Lenormant, Bixio, de
Blocqueville, Ch. Didier, Reybaud et Ancelot. »
(Bulletin du bibliophile et du
bibliothécaire. Paris, Techener, 15 mai 1899, p. 253-254)
Bernard-Henry Gausseron a lu Le Requiem des gens de lettres. Comment meurent ceux qui vivent du livre (Paris, Henri Daragon, 1901, in-12, 382 ex.) :
« Ce volume, de la “ collection du Bibliophile parisien ”, est comme un glas posthume sonné sur des gloires, des vanités, des jouissances, des douleurs, des désirs et des désespoirs dont l’histoire reconstituerait la vie littéraire intime de notre pays depuis cinquante ou soixante ans. M. Firmin Maillard, bibliophile anecdotier et érudit spirituel, sait rendre intéressante et piquante la fin des hommes de lettres de tout talent et de tout ordre, sur lesquels il a des renseignements personnels ou peu connus : ceux qui sont morts dans leur lit, en voyage, à l’hôpital, dans la rue, défilent en ces pages, comme une galerie de figures que l’esprit, le dédain, soit haut idéal, soit dégoût, empêchent d’être macabres. M. Maillard insiste sur les hypocrisies dont les familles et les amis entourent parfois la mort des hommes célèbres : il note avec soin ceux à qui l’on a, d’après ce qu’il sait, imposé les dehors de la “ mort chrétienne ”, lorsqu’ils auraient voulu mourir tranquilles. D’autres, avec la même bonne foi, accumulent les exemples de moribonds du chevet desquels leur entourage a éloigné le prêtre lorsqu’ils en demandaient un. J’aurais aimé plus de légèreté dans le traitement de cette question qui prête tant à la controverse et qui, tout bien considéré, n’a qu’une médiocre importance, car, si la mort peut corroborer les enseignements de la vie, elle est impuissante à les infirmer.
Quoi qu’il en soit, ce Requiem – mot bien liturgique sous la
plume de ce libre penseur militant – est une mine d’historiettes qu’on peut accepter
pour authentiques et qui feront, au mépris des convenances, tout le long de
cette revue mortuaire, la joie des curieux. »
(Revue universelle. Paris, Larousse, 1902, p. 553)
La Cité des intellectuels. Scènes cruelles et plaisantes de la vie
littéraire des gens de lettres au xixe
siècle (Paris, H. Daragon, s.d. [1905], in-16) est un « tableau
bien posé, très vivant, qui caractérise avec une bonhomie quelque peu
malicieuse les relations des écrivains avec leurs éditeurs, les démêlés entre
confrères, parfois aussi les petites faiblesses des grands hommes. Toutes les
célébrités littéraires défilent devant le lecteur, qui se demande comment M. F.
Maillard a pu recueillir ces milliers d’informations, souvent piquantes »
(Revue critique d’histoire et de littérature. Paris, Leroux, 1906,
t. LXI, p. 236)
187 avenue de Clichy, Paris XVII (août 2020)
Firmin Maillard mourut en son
domicile parisien du 187 avenue de Clichy [XVIIe], le 26 janvier
1908. Sa bibliothèque avait été dispersée en partie de son vivant, puis entre
divers libraires et amateurs, sans catalogue de vente.
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